LEERS GENEALOGIE

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RAYMOND L'ITALIEN

L'histoire de Raymond l'Italien : un devoir de mémoire en cette année de commémoration des 80 ans de la capitulation de l'Allemagne nazie.

 

Il s’appelait Guglielmo Leorini, mais tout le monde, ici, l’a connu sous le prénom de Raymond. Sans doute trouvait-il que son nom de baptême, aux sonorités germaniques, ne lui correspondait pas. Né le 7 juin 1900 à Mozzecane, dans le nord de l’Italie, tout près du lac de Garde, il avait épousé Giacomina Darra, une compatriote d’un an sa cadette.

 

Peu avant la guerre, Raymond et son épouse s’étaient installés à Leers, où ils avaient repris l’Estaminet du Triangle, au 21 rue Joseph Leroy. L’établissement, convivial et vivant, servait aussi de cinéma avec une salle pouvant accueillir près de 300 spectateurs. On y organisait des projections, bien sûr, mais aussi des spectacles et même des réunions politiques.

 

À l’Estaminet, Raymond et Giacomina accueillaient tout le monde avec leur sourire, leur gentillesse et leur inépuisable sens du service. Rapidement, ils étaient devenus des figures appréciées des Leersois et des habitants des communes voisines.

Derrière cette apparente simplicité, Raymond menait une vie autrement plus risquée. Il était agent des Forces Françaises Combattantes (FFC), sous-lieutenant dans la clandestinité.

 

Le 4 juillet 1944, alors que soufflait déjà sur la France le vent de la Libération, Raymond fut arrêté pour avoir hébergé des réfractaires. Quelques semaines plus tard, le 1er septembre, il fut déporté à bord du tristement célèbre Train de Loos. Commença alors pour lui une terrible odyssée : incarcéré dans plusieurs camps, il fut envoyé notamment à Dora, un camp de concentration dédié à la fabrication des missiles V2.

 

En quelques mois, Raymond vit son corps se briser sous les coups, les privations et la faim. De ses 96 kilos d’avant, il ne restait plus que 45 kilos à son retour. C’est son chien, dit-on, qui fut le premier à le reconnaître, alors que son apparence méconnaissable peinait à convaincre ses proches.

Petit à petit, avec un courage immense, Raymond parvint à se reconstruire, même si les séquelles de l’enfer nazi ne devaient jamais vraiment le quitter. Aux côtés de Giacomina, il rouvrit leur établissement, rebaptisé le « Réal », et relança aussi le cinéma, devenu le « Réal Ciné ».

Le couple, qui n’eut pas d’enfant, ouvrit son foyer à un adolescent belge, Lucien Rutten, qu’il recueillit et éleva comme un fils.

 

Après la guerre, les honneurs vinrent saluer l’engagement et la souffrance de Raymond. Il reçut la médaille de la Reconnaissance française, puis fut fait Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 20 août 1958.

 

Quelques mois plus tard, le 24 novembre 1958, Raymond s’éteignait, laissant à tous ceux qui l’avaient connu l’image d’un homme de courage, de fidélité et de générosité. Pour les Leersois, il restera à jamais « Raymond l’Italien ».

 

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L'opuscule en souvenir de Raymond l'Italien, ouvrage de l'imprimeur Eugène Hasbroucq.

 

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L'Estaminet du Triangle et sa salle de cinéma, rue Joseph Leroy à Leers.

 

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Mémorial du Train de Loos, sur lequel il est identifié sous son nom italien : Guglielmo LEORINI.

 

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Sa fiche d'immatriculation de Chevalier de la Légion d'Honneur.

 



05/07/2025
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